Construire un univers II. La parturition: 106. l’hygiène

106. L’hygiène

La parturition humaine, au sujet de l’hygiène, a eu toute sorte de données au fils des époques. Avec nos outils actuels, nos renseignements sont de plus en plus avisés, ce qui peut vous aider dans votre fiction. Que vous fassiez de l’historique ou de l’anticipation, de la Fantasy ou de la science-fiction, partir du réel va nourrir votre mise en scène.

L’hygiène en milieu familial

À certaines époques et dans certains milieux, le bétail pouvait dormir dans la même maison que les humains. En plus, dans ces mêmes moments, la notion de nettoyage des excréments et autres bavures du genre pouvait avoir été prise un peu plus à la légère, disons. Ces époques et ces milieux peuvent, notons-le, aussi être contemporains.

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Donc, dans ces décors moins maniaques de propreté, on peut fort imaginer les marais et les mers des microbes sur chaque surface de la maisonnée. Dernièrement, on connait un peu l’opposé de cette réalité où tout est devenu propice à se faire désinfecter au plus vite.

Aussi fait-il mettre en perspective la demeure actuelle, occidentale, de milieu moyen, par exemple, où l’on fait le ménage chaque semaine, où on lave les draps et serviettes régulièrement, mais sans excès non plus. Il y a toujours des microbes, mais moins. Les humains dans ces conditions ne sont plus exposés à autant d’attaques et à autant de diversité qu’avant.

Une naissance à domicile, dans ces conditions plus contrôlées, est donc parfaitement envisageable. Et d’ailleurs, de plus en plus de familles profitent du fait de rester dans leurs draps pour accueillir le petit être tout nouveau. L’hygiène en milieu familial n’est alors pas le risque qu’il a déjà été.

Étude clinique d’accouchement accompagné à domicile

Mais l’a-t-il été?

Pour la fiction

Premièrement, la parturition humaine fonctionne comme celle des autres mammifères et dans un milieu sain, les risques d’infection ne sont pas plus mal. Ce qui compte alors est la salubrité des lieux. Si un faon peut naitre sur le sol herbeux sans trop de souci, un humain aussi.

Deuxièmement, dans vos fictions, avez-vous une idée de l’hygiène des milieux de votre univers? Avez-vous envisagé leur impact sur la santé des parents, des frères et soeurs, avant même la venue du nouveau-né?

Est-ce que la parturiente est faible de maladie, ou au contraire, a un système immunitaire fort? Ou alors, serait-ce un lieu trop désinfecté qui emparesse le corps à une réaction saine d’immunodéfense et dont le moindre contact bactérien le fragiliserait?

Hygiène et flore microbienne

Cependant, il y a des bons contacts bactériens. En fait, le corps de la mère porte la flore microbienne familière de son milieu. En revanche, il est préparé à subir l’environnement dans lequel elle passe ses journées.

De même, le peau-à-peau, dès la seconde où l’enfant nait, permet à son petit corps d’entrer en contact avec la flore de sa mère, de son père ou tout autre personne qui veillera sur lui, et d’avoir sur lui les éléments pour résister aux microattaques de son nouvel environnement. Par conséquent, déjà au niveau moléculaire, le contact direct a des avantages majeurs.

Qui plus est, le bébé vient au monde recouvert d’un vernix caseosa. C’est en réalité une crème hydratante hyper efficace sur la peau du nouveau-né. Ce vernis le protège donc et il disparait de lui-même, absorbé par la peau. On peut donner un bain d’eau seulement au bébé, mais le récurer lui enlève cette protection naturelle.

L’accouchement par voie basse, contrairement à la césarienne, ajoute aussi un mur de protection au nouveau-né. Le conduit vaginal a sa flore bactérienne bien spécifique qui, lorsque le bébé y passe, se transmet à lui. C’est d’ailleurs le premier mur immunitaire qu’il reçoit sur sa peau.

En somme, une fois bien collé à son parent, le bébé reçoit, dans le meilleur des mondes, ses premiers bisoux. La bouche est également un orifice bien gardé. Des lèvres, le parent transmet ainsi la protection bactérienne de son corps à celui de son protégé. C’est même, par ailleurs, un réflexe observable partout. En fait, le nouveau-né se fait bécoter doucement le visage dès lors qu’il est près de son parent.

Pour la fiction

De plus en plus de maternités en occident respectent cette étape cruciale où les parents passent leur protection bactérienne à leur protégé. Le premier bain est retardé, la séparation d’avec la mère — sauf urgence — est évitée. Dans quel genre de milieu allez-vous déposer vos nouveau-nés, dans vos univers?

Nait-il dans un monde récuré où on le démunit de sa moindre protection naturelle? Est-il exposé à de sévères variétés de bactéries, voire de virus, qui ne se trouveraient pas dans un nid humain normalement constitué? A-t-il le privilège d’être couvert dès sa sortie par des murs de protection… est-ce vraiment un privilège ou la norme?

L’hygiène en milieu médical

Historiquement, les hôpitaux étaient des mouroirs. La concentration de microbes au mètre carré était énorme et il était très ardu d’empêcher les infections de masse. Se faire soigner dans ces endroits était le dernier recours. On ne connaissait rien au mode de propagation des maladies.

Il était donc plus sain d’accoucher à domicile. Ça peut sembler contre-intuitif, mais dans une maisonnée relativement propre, le nouveau-né et la mère étaient moins à risque d’infection. Ce qui pouvait poser problème, souvent, était la proximité de la sage-femme, surtout dans les villages éloignés.

Il a fallu une révolution hygiénique — et non technique — pour que les accouchements à l’hôpital deviennent sécuritaires. Il a fallu des meilleures conditions de vie pour que les accouchements à domicile baissent leur taux de mortalité. Ce n’est donc pas l’évolution médicale qui a sauvé les naissances, mais le développement de l’hygiène, tout simplement.

Pour la fiction

Suite à ces renseignements, vous pouvez vous demander si les conditions à domicile, même dans un contexte fantasy assez rustique, ne seraient pas justement mieux adaptées à un taux de natalité plus élevé. Ou alors, vous pouvez appuyer sur des conditions d’hygiène massacrantes pour justifier la mortalité et de la mère et de l’enfant.

Ce n’est pas le savoir de l’accouchement qui manquait, mais la méconnaissance de la propagation des maladies. Sur ce point, dans un univers plus avancé niveau information, serait-il toujours aussi justifiable de favoriser un hôpital aseptisé à l’os pour une parturiente? Rappelons-le, l’accouchement n’est pas une pathologie. Y aurait-il place à des maternités plus cosy dans votre monde?

Conclusion

Si le taux de mortalité a chuté depuis un siècle, il n’est pas dû nécessairement à sa médicalisation. Ce parallèle est vite fait, car ça coïncide avec la modernité. Ce sont les conditions environnantes de la femme en couche qui peuvent jouer sur l’engrenage calibré de la parturition.

Cette femme, est-elle assez nourrie, manque-t-elle de nutriments, a-t-elle eu des déformations dues à une mauvaise qualité de vie, est-elle reposée, sereine? Est-ce que l’environnement est sain? Quelles sont les conditions d’hygiène qui entourent sa grossesse?

L’hygiène et les conditions de vie meilleures ont fait bien plus dans le taux plus bas de mortalités en couche que la prise en charge médicale en elle-même. La parturition, intrinsèquement, n’est pas plus dangereuse qu’il faut. Ce sont majoritairement les facteurs externes qui en compliquent l’aisance.

Dernier article de la série: le post partum

image à la une: Amanda Greavette

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