Dans le cadre des Entrevues d’écrivains, cette fois-ci, je vous propose l’auteure Raphaëlle B. Adam, du Québec.
Portrait d’auteure

- Es-tu une auteure publiée ? Est-ce important pour toi?
Oui; j’ai à mon actif une dizaine de publications (7 nouvelles dans des revues spécialisées, 3 nouvelles/novellas dans des collectifs publiés aux Six Brumes et chez Tête Première, et 1 recueil de nouvelles paru aux Éditions Triptyque.) J’aspirais à être publiée depuis très jeune, c’était donc un objectif important à atteindre pour moi!
- Quel.s genre.s d’écrits fais-tu?
J’écris principalement dans les genres de l’imaginaire (fantastique, science-fiction, horreur, fantasy). Pour le moment, j’ai publié uniquement des nouvelles, mais je travaille depuis longtemps sur des projets de roman.
- Quel.s genre.s lis-tu?
Mes lectures sont assez diversifiées, selon mes envies. J’ai une préférence marquée pour les littératures de l’imaginaire, mais j’aime aussi les romans contemporains et classiques, les recueils de nouvelles, les polars, les bandes dessinées… je lis aussi parfois des essais et de la littérature jeunesse.
- Où peut-on trouver tes publications? Laquelle nous suggères-tu pour te lire une première fois?
Dans toutes les bonnes librairies, et sur leslibraires.ca! Sinon, pour un premier contact avec mon travail, je vous conseillerais la lecture de « Servitude », mon recueil de nouvelles fantastiques; c’est le premier livre que j’ai publié en mon nom propre.
- Quel est ton parcours d’auteure dans la chaine du livre?
J’écris depuis que je suis très jeune. J’ai commencé par participer à des concours et j’ai remporté des prix, dont le Clément-Marchand en 2011. Ç’a été un élément déclencheur, car par la suite, j’ai enchaîné les publications : d’abord dans des revues, puis dans des collectifs, avant de publier mon premier ouvrage en solo. Sinon, en parallèle, j’ai fait des études en littérature, j’ai travaillé comme libraire et je me suis beaucoup impliquée dans le milieu littéraire, en étant chroniqueuse, animatrice de tables rondes et bénévole, notamment. Sinon, je travaille aussi comme responsable de la programmation et des communications au Salon du livre de l’Estrie.
- Comment a évolué ta méthode de travail? De l’écriture instinctive à celle plus planifiée, de l’écriture manuscrite à tapuscrite? Ce sont pour toi des méthodes contradictoires ou complémentaires, ou sont-elles plutôt une sorte d’axe sur lequel jouer?
J’écris à l’ordinateur depuis mon adolescence. Je n’ai que très brièvement écrit à la main, quand j’étais plus jeune, et j’ai vite délaissé la méthode (pas assez rapide, trop restrictif, et la page devenait vite trop « brouillonne »!) Je peux comprendre l’attrait, mais ce n’est pas pour moi. Sinon, j’écrivais de façon moins organisée auparavant, mais j’ai vite compris que c’était à mon avantage de structurer un peu mieux mes récits, surtout lorsqu’ils sont complexes (sinon, on ne s’en sort pas!).
- Offres-tu des services en lien avec l’écriture? Si oui, parles-en brièvement ici avec un lien pour te contacter.
Je fais à l’occasion de petits contrats de rédaction et de correction, principalement pour des amis ou des collègues. Il m’arrive cependant d’en faire pour le compte de gens que je ne connais pas (mais plus rarement); on peut alors me contacter sur mon site au:
Perception du métier
- Perçois-tu une différence entre ceux qui ne sont pas publiés et ceux qui le sont (si oui, comment)? Est-ce ainsi que l’on définit un.e écrivain.e?
La principale différence entre quelqu’un qui a été publié et quelqu’un qui ne l’est pas encore se situe pour moi au niveau de l’expérience.
À partir du moment où l’on réussit à être publié de façon professionnelle, nos textes sont soumis à de la direction littéraire, on reçoit des critiques constructives et des commentaires sur notre travail : ce sont de merveilleuses manières de s’améliorer. Plus on gagne en expérience, plus nos textes sont forts et plus nous risquons de pouvoir publier à nouveau (et de nous améliorer encore)! C’est comme une roue qui tourne.
Bien sûr, on peut apprendre et s’améliorer même sans être publié officiellement (quand on prend les moyens pour y arriver – demander de la rétroaction à d’autres auteur.e.s, se payer les services de gens compétents en la matière, etc.!), mais je crois que l’apprentissage est beaucoup plus marqué et que la qualité des textes tend à être nettement supérieure lorsque le travail est effectué dans un cadre professionnel.
- Crois-tu que la vocation ou le métier d’écrivain a un certain prestige? Est-ce selon toi plutôt un métier ou une vocation?
Selon moi, il s’agit sans contredit d’un métier, mais qui découle bien souvent d’une passion, d’un besoin viscéral d’écrire. Je n’ai jamais vraiment réfléchi à la question du prestige auparavant; en tout cas, mes raisons d’écrire ne sont pas liées à un besoin de popularité.
- Comment définis-tu le syndrome de l’imposteur et le ressens-tu? Que fais-tu avec un tel sentiment?
Oui, il m’arrive de ressentir le syndrome de l’imposteur. Qu’on se comprenne bien : avec le temps et l’expérience, je ne doute aucunement du fait que je sais écrire, que je peux produire des récits de qualité et que j’ai tout à fait ma place dans le milieu littéraire.
Mais dans mon cas, le syndrome se traduit souvent par des craintes que mes idées soient médiocres ou clichées, que les gens n’aiment pas le résultat final ou bien que je n’aie pas réussi à rendre mon idée de la bonne façon, comme je le voulais.
Sinon, quand je reçois une commande (pour un collectif, par exemple), je ressens toujours une certaine nervosité avant de recevoir les commentaires de l’instigateur.trice du projet.
Pour passer à travers, il n’y a pas de secret : je fonce quand même, et advienne que pourra!
- Quel est selon toi le plus grand mythe concernant les écrivains?
Qu’il suffit d’avoir une bonne idée pour arriver à en faire une bonne histoire. Qu’il suffit de se laisser guider par l’inspiration pour pondre un bon texte. Que l’écriture est toujours simplement un loisir « facile », que ça ne demande pas de travail, de rigueur, d’acharnement, de patience, de persévérance… (oui, on avait dit UN mythe, je sais – et je pourrais continuer!)
- Comment perçois-tu toute l’animation autour des droits d’auteurs et du statut de ceux-ci?
Je pense qu’il est crucial de pouvoir garantir aux auteur.e.s de meilleures conditions de travail et un meilleur revenu, car il s’agit d’un véritable métier qui, à ce jour, n’est pas reconnu à sa juste valeur. Mieux définir ce qu’est un.e auteur.e professionnel.le me semble aussi essentiel. Mais ce sont là de grands enjeux, qui vont nécessiter d’importantes réformes.
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Photo à la une: Michal Czyz
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