Dans le cadre des Entrevues d’écrivains, cette fois-ci, je vous propose l’auteure Matty Madiel, de la Bretagne.
Portrait d’auteur.e
- Es-tu un auteur publié? Est-ce important pour toi? Est-ce une notoriété ou une reconnaissance?
En effet, je suis publiée chez Sharon Kena, ainsi que chez la Caravelle. Ce n’était pas forcément important, c’était surtout la seule option pour moi, car je ne me voyais pas du tout partir en auto-édition. Je ne me sens pas capable de gérer la charge de travail que ça demande. Cependant, c’est sûr qu’on a l’impression que son travail est reconnu et ça fait plaisir.
- Quel.s genre.s d’écrits fais-tu?
J’écris plutôt des romans en majorité, parfois des nouvelles et très souvent dans les genres plutôt SFFF.
- Quel.s genre.s lis-tu?
Souvent du SFFF aussi ! Mais j’aime bien varier parfois et lire des classiques ou encore des polars. En fait, tout livre qui m’attire de quelque façon que ce soit, même si ce n’est pas mon genre de prédilection peut finir dans mon panier. J’apprécie aussi beaucoup les BDs en tous genres !
- Où peut-on trouver tes publications? Laquelle nous suggères-tu pour te lire une première fois?
On les trouve en commande dans les librairies, pour les romans. Sinon, il y a le site Sharon Kena ou les plateformes de boutiques en ligne. Pour la nouvelle, elle est disponible surtout toutes les plateformes de téléchargement d’ebook.
Pour une première fois, je dirais bien de commencer par Pourquoi serais-je si malheureuse ? C’est une nouvelle qui parle de Perséphone, de son enlèvement et de son mythe, tout ce que j’aime ! Je pense que c’est un bon moyen de rentrer dans mon univers.
- Quel est ton parcours d’auteur.e dans la chaine du livre?
J’ai commencé par éditer un roman, dans une maison d’édition plutôt moyenne. J’ai pu découvrir également le travail d’illustrateur puisque j’ai travaillé directement avec les miennes pour réaliser les couvertures. Je ne connais pas encore le reste, mais j’espère le découvrir après mon master sur les métiers de l’édition qui devrait me permettre d’être assistante d’édition !
Pour la nouvelle qui est venue ensuite, j’ai pu voir un peu ce qu’était le travail du numérique et j’ai également trouvé cela passionnant.
- Comment a évolué ta méthode de travail? De l’écriture instinctive à celle plus planifiée, de l’écriture manuscrite à tapuscrite? Ce sont pour toi des méthodes contradictoires ou complémentaires, ou sont-elles plutôt une sorte d’axe sur lequel jouer?
Au départ, j’écrivais beaucoup sur papier puis je suis passé entièrement à l’ordinateur quand j’ai eu mon premier portable. Dans l’écriture, je n’ai jamais vraiment de plan, j’ai les grandes lignes, le début, le milieu, la fin (sans quoi je ne commence pas l’écriture) puis le reste et surtout les détails m’apparaissent en général au fur et à mesure. Je planifie peu, sauf dans des projets qui demandent plus de préparation, comme un projet que j’ai sur les suites de contes et qui réclame beaucoup de points de vue, donc un tableau.
Pour moi, ces méthodes sont uniques comme les auteurs et je vois ça comme un axe en ligne droite, avec deux méthodes opposées à chaque bout (tout préparer d’un côté et se laisser porter de l’autre) puis nous, en curseur se baladant entre les deux, parfois pour deux projets différents par exemple.
- Offres-tu des services en lien avec l’écriture? Si oui, parles-en brièvement ici avec un lien pour te contacter.
Non, mais cela me plairait d’être à nouveau bêta-lectrice !
Site web: Les étagères de Matty
Perception du métier
- Perçois-tu une différence entre ceux qui ne sont pas publiés et ceux qui le sont (si oui, comment)? Est-ce ainsi que l’on définit un écrivain.e?
Il y a une différence, mais je dirais qu’elle est ténue. Pour moi, un écrivain ne peut pas être considéré comme tel simplement parce qu’il est publié. Il y a des écrivains qui écrivent seulement pour eux ou pour leurs proches et qui s’en portent très bien.
On est écrivain à partir du moment où on écrit, avec une volonté de produire quelque chose, que ce soit en soi ou chez les autres. Pour la différence, je pense que c’est simplement une question d’intention. Ceux qui sont publiés ne sont pas forcément plus accomplis, j’ai parfois d’ailleurs préféré des fanfics ou des histoires disponibles sur le net plutôt que des livres publiés.
- Crois-tu que la vocation ou le métier d’écrivain a un certain prestige? Est-ce selon toi plutôt un métier ou une vocation?
Je ne saurais répondre avec précision… Je pense que le prestige est déjà pour l’auteur qui finit un roman et qui en est fier. Il mérite toute notre admiration d’avoir déjà réussi cela. Pour la deuxième question, je dirais les deux ! Certains ont la chance de pouvoir en faire un métier et de très bien y réussir avec un feu sacré tandis que, pour d’autres, ça restera une vocation.
Pour moi, par exemple, je n’ai pas envie d’en faire un métier pour le moment, je voudrais en rester à la vocation, mais je n’exclus pas de faire les deux un jour si l’occasion se présente.
- Comment définis-tu le syndrome de l’imposteur et le ressens-tu? Que fais-tu avec un tel sentiment?
Oh oui, très souvent ! Je dirais que c’est cette sensation de découragement qui fait couler beaucoup de larmes, qui nous donne envie de tout arrêter et nous fait nous sentir très mal. J’ai parfois eu cette impression de ne pas être à ma place, d’être nulle par rapport à d’autres et donc de ne pas mériter d’écrire. Quand ça m’arrive, je me laisse souvent une journée pour déprimer et pour pleurer.
Puis le lendemain, je sors du lit motivée, je fais face au monde et je lui crie bien fort que j’ai envie d’écrire, que ça me fait plaisir et que nul personne ou sentiment ne saurait me faire arrêter. Parfois, ça peut-être être un coup de pied au derrière, notamment quand une critique nous rend tristes avant de nous piquer au vif et de nous donner envie de faire encore mieux !
- Quel est selon toi le plus grand mythe concernant les écrivains?
Je pense que c’est celui du poète torturé, solitaire et dépressif. Pour être dans une communauté d’écrivains, je peux dire que ce n’est vraiment qu’un mythe ! On peut tout à fait être chaleureux, ouvert, joyeux et convivial. C’est pour ça que j’aime écrire avec d’autres personnes. L’écriture solitaire peut être sympathique, mais à plusieurs, c’est encore mieux !
- Comment perçois-tu toute l’animation autour des droits d’auteurs et du statut de ceux-ci?
Je pense qu’il y a encore des injustices, clairement. L’auteur fait le gros du travail et n’est parfois que très peu payé et a des charges à ses frais qui, parfois, le laissent avec peu de marge. Pour ceux qui ont un travail à côté, ce n’est peut-être pas très grave, mais pour ceux qui en vivent, je trouve que c’est parfois très dur.
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Je pense qu’il faudrait peut-être réexaminer certaines choses. Même si je ne m’y connais pas encore beaucoup, certaines actualités et demandes d’auteur.es d’être payés correctement me font me poser des questions. Je pense que j’essayerai d’y être très attentive pendant mes études.
- Comment envisages-tu l’avenir de la chaine du livre?
Passionnant, je pense qu’il va être très intéressant à suivre dans les années qui viennent. Avec le numérique, les romans qui se parent de cartes, de lexiques, des dessins et de belles couleurs, je pense que l’avenir est véritablement à imaginer comme radieux.
Avec la crise que nous venons de vivre, je pense que certaines personnes ont d’ailleurs pris conscience qu’elles aimaient lire et qu’elles voulaient encore davantage d’ouvrages pour les faire voyager ou rêver. Je pense qu’il faut aussi surveiller la nouvelle ou le texte court. De plus en plus de gens apprécient ce format court pour consommer, ça pourrait bien arriver également dans le monde de la littérature.
Particularités d’auteur.e
- Quel parfum a ta période étudiante?
Celui de l’herbe coupée des grands parcs mêlé à l’odeur des pages d’un vieux livre qui se tournent.
- Quelles couleurs porte ton enfance?
Le bleu de la mer, des rivières, de l’eau dans lequel j’étais tout le temps et le violet de ma chambre d’enfant.
- Quelle texture à ta relation avec tes proches?
Le coton, tout doux et qui sait soigner tous les maux !
- Que goûte ton premier voyage?
Le thé à la menthe et le loukoum, grand souvenir de mon voyage en Égypte à six ans.
- Quelle est la musicalité, la prosodie du territoire de tes vacances?
Bonne question… Je dirais que c’est un peu comme Flight of the Silverbird de Two Steps From Hell, avec une flûte légère puis tout un orchestre qui symbolise la richesse de ce que je découvre.
Photo à la une: Michal Czyz
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