Entrevue avec Chloé Guillot Élouard

Dans le cadre des Entrevues d’écrivains, cette fois-ci, je vous propose l’auteure Chloé Guillot Élouard, de la France.

Portrait d’auteur

  • Es-tu un auteur publié? Est-ce important pour toi? Est-ce une notoriété ou une reconnaissance?

J’ai autoédité deux romans, ni par dépit ni par narcissisme, plutôt parce que c’était la meilleure possibilité pour moi à ce moment-là. J’habitais aux États-Unis quand j’ai estimé qu’Irrégulières était prêt à être partagé. Il aurait été compliqué de travailler avec un éditeur français et être auteur indépendant était considéré comme légitime là-bas. Donc j’ai sauté le pas et je ne le regrette pas !

En revanche, depuis que je suis rentrée en France, je trouve l’autoédition plus difficile à assumer et par ailleurs, je n’ai plus autant de temps pour assurer tout ce qui ne relève pas de la création, donc j’aimerais trouver un éditeur avec qui travailler.

  • Quel.s genre.s d’écrits fais-tu?

Je n’ai pas de bibliographie assez exhaustive pour me définir, et j’ai essayé plusieurs choses, je vais donc m’autoriser ici à ne pas me définir ! (pas encore)

  • Quel.s genre.s lis-tu?

J’aime essentiellement les récits de vie avec des histoires familiales complexes et les romans policiers. Je veux pouvoir décortiquer les motivations profondes des personnages.

Article similaire: Entrevue d’écrivaine avec Matty Madiel

  • Où peut-on trouver tes publications? Laquelle nous suggères-tu pour te lire une première fois?

Actuellement, on les trouve sur Amazon, parce que j’ai des lecteurs des deux côtés de l’Atlantique ! Je pense que Mémoires d’éléphant porte toute la tendresse, l’humour et la cruauté que j’aime faire apparaître dans mes romans.

Mémoires d’éléphant

Jimmy et Christopher n’auraient jamais dû se rencontrer. L’un est un ado raisonnable et anxieux, l’autre est un adulte rêveur, différent… et étroitement surveillé. Entre eux, un éléphant en peluche qui pourrait bien bouleverser le cours de leurs vies.

Un regard tendre et sensible sur le handicap, et la différence en général, par l’auteure d’Irrégulières. Une invitation à la bienveillance, à la liberté et au bonheur !

  • Quel est ton parcours d’auteur.e dans la chaine du livre?

Il y a dix ans je voulais être comédienne, mais je n’aimais pas le théâtre qu’on me faisait faire en cours. J’ai donc écrit mes premières pièces et j’ai très naturellement atterri à ma juste place : celle d’autrice. Ensuite, j’ai cherché mon style en écrivant de petites formes, en participant à des concours et des ateliers et en animant un blog autour de l’écriture (La Plume du Goupil, qui a existé 5 ans).

Un jour, un de mes romans m’a paru plus abouti que les autres, j’ai eu envie de le partager et voilà. Depuis, j’écris des romans uniquement en autoédition, mais avec le désir de m’hybrider (allier autoédition et édition classique).

  • Comment a évolué ta méthode de travail? De l’écriture instinctive à celle plus planifiée, de l’écriture manuscrite à tapuscrite? Ce sont pour toi des méthodes contradictoires ou complémentaires, ou sont-elles plutôt une sorte d’axe sur lequel jouer?

À l’origine, je suis très jardinière : j’écris des scènes comme j’ai envie, dans le désordre, et puis j’en fais un bouquet et j’harmonise. Mais en ce moment, je travaille sur une saga donc j’ai besoin d’être très rigoureuse et je me suis imposé de faire des frises chronologiques, des fiches personnages ultradétaillées, des synopsis, des tableaux de chapitres… Je cherche vraiment à être plus efficace, car je n’arrive plus à écrire aussi vite que les idées me viennent !

Photo: Ella Jardim

J’écris beaucoup à la main, surtout dans les premiers mois et dans la phase de correction. J’ai besoin d’avoir un carnet qui contient tout : mes recherches, mes idées, mes questionnements. Passer du support numérique au papier régulièrement est peut-être moins rapide que le « tout à l’ordi », mais pour moi c’est nécessaire, ça me permet de changer de perspective et de me lire d’un regard neuf.

Finalement, je n’ai pas de conseils à donner, je pense que chacun doit trouver la méthode qui lui convient : l’important encore et toujours, c’est d’être heureux en faisant ce qu’on fait.

  • Offres-tu des services en lien avec l’écriture? Si oui, parles-en brièvement ici avec un lien pour te contacter.

J’aimerais bien, mais je n’ai pas le temps ! Je bêta-lis volontiers mes proches et c’est déjà bien.

Chloé G. Élouard est sur amazon.fr | amazon.ca

Perception du métier

  • Perçois-tu une différence entre ceux qui ne sont pas publiés et ceux qui le sont (si oui, comment)? Est-ce ainsi que l’on définit un écrivain.e?

Non, je perçois une différence entre ceux qui acceptent de progresser et les autres. On peut pratiquer l’écriture en amateur toute sa vie, être écrivain n’est pas un objectif en soi. En revanche, lorsqu’on décide de s’autoéditer ou d’essayer d’être publié, il faut respecter ses lecteurs : lire, relire, corriger, faire corriger, reconnaître ses faiblesses, travailler le livre-objet, ne pas compter uniquement sur sa notoriété si on en a déjà une. Pour moi, un écrivain, c’est quelqu’un qui a envie de passer aussi par ces étapes difficiles et moins motivantes pour progresser.

  • Crois-tu que la vocation ou le métier d’écrivain a un certain prestige? Est-ce selon toi plutôt un métier ou une vocation?

Je le crois de moins en moins à mesure que je vois le travail incroyable que ça représente vs les conditions d’exercice des professionnels. Pour moi, écrire est une passion et je ne suis toujours pas sûre de vouloir un jour en faire mon métier : j’ai vraiment envie de pouvoir écrire à mon rythme et sur des sujets que je choisis.

Photo: Thought Catalog

À plusieurs reprises, ma joie d’écrire a été entachée par la pression ou par des déceptions professionnelles : j’essaye de ne pas reproduire cette erreur. Avoir du plaisir à me plonger dans l’écriture est bien plus important pour moi que d’en vivre.

  • Comment définis-tu le syndrome de l’imposteur et le ressens-tu? Que fais-tu avec un tel sentiment?

Alors oui, régulièrement, je pense que je n’ai pas le droit de me dire « autrice » parce que mon métier, c’est d’enseigner, que l’autoédition c’est mal vu, que je n’ai « que » deux romans à mon actif… On peut toujours mettre la barre plus haut.

Suivre Chloé sur Instagram

Ce qui m’aide à dégager mon syndrome de l’imposteur, c’est de me rappeler ce qui est réellement important pour moi, c’est-à-dire : prendre du plaisir à écrire et à terminer mes histoires.

  • Quel est selon toi le plus grand mythe concernant les écrivains?

Le génie ! Personne ne naît écrivain. L’écriture, ça se précise et ça s’affine avec le temps et beaucoup de pratique. Il faut arrêter de prétendre le contraire ! Le fantasme autour du « premier roman » aussi m’exaspère ! Un bon premier roman publié n’est jamais le premier texte ou roman écrit, je n’y crois pas.

Irrégulières

De la campagne d’après-guerre à la ville contemporaine, trois destins s’entremêlent. D’abord, il y a Adélaïde, qui s’applique à effacer ses origines sociales. Puis Madeleine, jeune femme raisonnable étouffée par l’autorité parentale, et enfin Sophie, prête à tout pour faire carrière. Trois héroïnes ordinaires qui aspirent à devenir maîtresses de leurs vies, face aux pressions collectives.

  • Comment perçois-tu toute l’animation autour des droits d’auteurs et du statut de ceux-ci?

Ça me paraît indispensable que les auteurs professionnels soient reconnus comme tels et soient mieux protégés ! Il est plus que temps de reconnaître le temps, l’énergie et la santé (des mains, des yeux) consacrés à l’écriture !

J’espère aussi que les choses vont bouger du côté du #metoo édition, car les témoignages qu’on voit passer en ce moment sont glaçants. Trop de personnes ont renoncé à vivre de leur plume pour les mauvaises raisons…

  • Comment envisages-tu l’avenir de la chaine du livre?

Je l’imagine pleine de problématiques nécessaires et passionnantes ! On dit que les jeunes ne lisent plus, or je crois qu’ils lisent simplement sur des formats différents. La littérature own voice prend de plus en plus d’ampleur, tout comme l’autoédition.

Les réseaux sociaux comme Instagram créent de nouvelles générations de précepteurs littéraires. De nouveaux formats émergent ou réapparaissent, comme les formes très courtes ou les feuilletons. Les choses bougent et je suis curieuse des conséquences.

Suivre Chloé sur Facebook

Particularités d’auteur

  • Quel parfum a ta période étudiante?

La sueur ? Je faisais du théâtre jusqu’à tomber de fatigue.

Photo: Kyle Head
  • Quelles couleurs porte ton enfance?

Toutes les nuances de l’or : la trompette de mon frère, les cheveux de mon autre frère, le soleil à foison, les feux de camp, mon pull du Roi Lion…

  • Quelle texture à ta relation avec tes proches?

Écorce : pleine de reliefs plus ou moins profonds qui se sont créés au fil du temps.

  • Que goûte ton premier voyage?

Trois nuances de thé à la menthe « Le premier verre est aussi doux que la vie. Le deuxième est aussi fort que l’amour. Le troisième est aussi amer que la mort. » (Proverbe touareg)

  • Quelle est la musicalité, la prosodie du territoire de tes vacances?

La stridulation des grillons la nuit (son beaucoup plus doux que celui des cigales!!)

Site web officiel de Chloé Guillot Élouard

Photo à la une: Michal Czyz

Sceau hébergement écoresponsable

2 commentaires

  1. Guillot Noëlle

    Merci Marie d’Anjou pour cette découverte ou re-découverte de Chloé, auteure géniale et sensible.

Laisse un commentaire